Poesie di Isabella di Soragna
Mon Dieu, écoute cette prière:
libère-moi de mon vouloir,
celui du bien faire aussi.
Car cela m’éloigne de ton Coeur,
de ton Essence qui est sans But.
Je tombe ainsi dans l’oubli de ta Source.
L’état que je vis avec Toi
m’évite cette souillure.
Je précède la durée,
j’annule la distance.
Je vis une extase sans passé ni demain.
Le désir me replonge dans le temps
qui casse cet instant Éternel si joyeux.
Étoiles de neige dansez, dansez
devant vos soeurs curieuses
de l’ alcôve nocturne.
La terre vous accueille et se couvre
d’une large pelisse d’hermine:
le vent vous renvoie vers le ciel.
Vers quels rivages navigue le Temps?
Vers la plage du Silence.
Même l’horloge du clocher s’est tue.
Pensées, flocons de neige,
tourbillonnant dans ma tête,
se posent sur l’écran lumineux
de la Présence toujours éveillée.
Petit miroir qui reflète
le vaste paysage,
petit miroir qui reflète
un visage, un oeil clair.
Nos vies ne sont-elles
que des petits miroirs?
Petit miroir l’âme
qu’on jette après usage
dans le Miroir sans images
de notre Grand Rêve.
Dans chaque miroir
le contenu d’une vie.
Dans l’étendue étincelante
se résorbent les images
fugitives des créatures.
La sensation d’une fleur est-elle distincte
du personnage qui la perçoit?
N’est-ce pas un seul nuage multicolore
réunissant créature et pétale?
Je m’amuse à l’appeler oeil, regard, rose:
le temps les fige un clin d’oeil,
l’espace l’étend sur son pré,
l’éternité les embrasse en son jardin secret.
Cette fleur est mon propre sentiment
d’être vivant, ma propre présence;
comment pourrait-elle différer de moi?
Le couteau qui tue l’ennemi
n’est que ma conscience maquillée
par l’apparence de la forme.
Et si c’était un rêve la vie?
Si c’était un rêve le moment
où j’ouvre les yeux à l’aube,
l’attention encore voilée
par l’écho du film de la nuit?
Les bruits connus du jour se mélangent
aux images brumeuses du sommeil.
Le regard se dissout dans les choses
et pourtant il reste pur,
écran transparent et immobile:
les formes m’infusent -elles la vie?
Que sont les yeux sans une fleur
à contempler? Une promesse de paradis?
Le spectacle se passe-t-il du public?
Les arbres défilent devant le train du temps.
Que sont-ils sans la vue qui les forme?
Une main touche tes cheveux d’or
et tremble à tes tendres caresses.
Où est la frontière entre ces doigts
et la chevelure si soyeuse
entre ma joue et ta main douce.
J’oublie ton nom , j’oublie ta forme;
j’oublie l’être et le non-être.
Le miracle se produit:
l’Ineffable se révèle.
Dans le jardin qui s’éveille
une flaque d’eau grise épouse
les nuances du ciel pourpre;
les alouettes y amènent mon regard
et le vent m’apporte leur chanson adorante.
L’ivresse qui m’inonde
efface les mots un à un.
N’est-ce pas un songe la vie?
Fleur d’hibiscus
aux lueurs de flamme,
quel est le secret
de ta robe
à cet instant?
La lumière, la terre,
la rosée du ciel,
le vent du désert
depuis des moments
sans nombre,
ont modelé avec tendresse
tes formes ébluissantes.
Le temps patient
recueille ces cadeaux
et ce matin, oh! miracle
ta toilette m’a surpris.
Les mêmes éléments
ont engendré les vers de terre,
la libellule et le crapaud.
Le temps est le metteur en scène:
la comédie ne peut apparaître
que dans la durée!
Où est le temps?
Dans ta pensée.
Le temps est le flux de la vie.
Le temps s’arrête….
si tu n’y crois plus.
Se trouver c’est se perdre.
L’inconnu est mon vrai nom:
il se dérobe au savoir,
il se révèle à l’oubli de soi.
Qu’est-ce mourir?
La rupture du temps.
L’infiniment présent se dévoile:
la durée engendrée
par la notion se dissout.
La machine à pensées se tait,
la contemplation peut vivre
l’eblouissante réalité
d’une goutte de pluie,
d’un vol d’oiseau,
d’une fourmi pressée.
Mémoire, montre-toi enfin
dans ta robe trouée!
Un pantin mécanique,
rien de plus.
Comme un voleur tu es démasquée.
Plongé dans le sein des choses,
le poète rompt la chaîne
de l’éternel retour des habitudes.
Personne ne revient
de l’éternel instant,
personne jamais ne peut s’y rendre.
La chute d’eau inlassable rebondit
en étincelles multicolores.
Un lézard immobile
se regarde dans la mare.
La cascade immaculée
de fleurs de jasmin s’ouvre enfin!
Elle danse au tempo du vent.
Le soleil la caresse
et dégage son parfum enivrant.
Cependant ai-je un lien avec ce rêve
qui me poursuit nuit et jour,
me colle à la peau constamment?
J’observe ce guignol domestique,
réagissant sans relâche
à tant de choses…
à soi-même finalement
sous divers déguisements.
Marées de bougainvilliers
de genêts, de lauriers rose,
vous n’êtes que mon âme
lorsqu’elle est joyeuse.
Tempêtes de mer,
orages flamboyants
vous n’êtes que mon âme
lorsqu’elle est en colère.
Absorbée par le ciel,
la brise est ma respiration.
Le vent du soir amène
le parfum des roses anciennes.
Il ignore sa tâche
ainsi que la libellule
qui effleure les nénuphars:
elle ignore ses caresses furtives..
Le renardeau boit dans la mare,
l’oreille pivotante au moindre bruit;
l’eau se laisse boire,
elle ignore son bienfait.
C’est le fait de s a v o i r
qui m’éloigne du trésor,
du vrai monde qui m’entoure.
Sentiment d’être, de vivre
qui colore ces idoles de papier
que sont les choses:
nuages colorés, formes humaines
objets dansant à l’ombre
de cet arbre millénaire
du désir et de la peur.
Sentiment d’être, de vivre
façonnant les marqueteries
polychromes de cette cathédrale
du personnage illusoire,
enfant chéri des pensées.
Sentiment d’être, de vivre,
tu perds la partie
si je trouve la clef de la porte
de ma maison princière.
Le ” Je ” s’estompe
dans l’éblouissante demeure
du non-crée, du non- formulé.
Les paroles manquent:
l’amour les dissout.
……
J’en sors plus vivant
qu’au préalable.
Les siècles n’ont plus de pouvoir,
les distances s’effacent.
Grâce à mon souffle
l’univers s’anime.
J’assiste immobile, souriant
à la bataille de ma chair.
Le rêve d’un instant va-t-il ternir
ce miroir si brillant?
Le miroir du thèatre
que j’anime inlassable
du réveil à la nuit,
n’est qu’une autre
créature de mes rêves,
enfant bien-aimé
des pensées en filigrane
brodant la robe de mariée
du monde perceptible.
Il est temps de dormir mon enfant
et t’éveiller au vrai parfum
de la fleur éternelle.
J’ai crée mon père,
j’ai crée ma mère
pour jouer ce jeu sans fin.
Je ne sais qui je suis.
Je ne dirige pas cette écriture
sur la feuille blanche:
elle surgit du silence
vibrant comme la brise du soir.
Invisible le souffle
qui effleure l’eau du lac:
pourtant il apparaît
dans les rides liquides.
Chaque nervure un arc lumineux,
le ciel entier s’y contemple.
.
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